mardi 31 mai 2011

EFT pour les effets à long terme d'un traumatisme d'accouchement

Un accouchement, ça paraît normal, on ne voit pas pourquoi une femme conserverait des traces de traumatisme après cette expérience. Et pourtant c'est ce qui arrive parfois.


Traduction de la page en anglais :
http://www.emofree.com/Trauma/childbirth.htm

Gary Craig présente le cas suivant :
"Dans son message ci-dessous, Silvia Hartmann-Kent du Royaume-Uni nous donne une vision professionnelle des effets à long terme (sur une durée de 24 ans) d'une brève série de traumatismes liés à un accouchement et de la manière dont ils ont transformé une jeune femme par ailleurs heureuse et normalement adaptée en une personne en proie à une liste imposante de problèmes.
"Dans un tel cas, on ne peut pas s'attendre à un "miracle en une séance" car il ya tellement d'aspects et d'expériences à traiter. Mais Silvia utilise habilement l'EFT sur un bon nombre d'éléments-clés et, pour nous aider dans notre étude, elle sépare les différents "aspects" en mettant entre guillemets et en italiques leur description tout au long de son message. Ce langage, bien sûr, trouve son chemin dans la création des phrases de départ. C'est une vision de première classe sur une première séance habilement gérée avec une patiente gravement traumatisée - à bien étudier.
"Bien à vous, Gary."

Message de Sylvia Hartmann-Kent :

J'ai reçu cette semaine une cliente qui avait un certain nombre de problèmes physiques, ainsi que toute une série de problèmes personnels tels qu'un manque d'estime de soi, une tristesse globale, des crises de panique, une agoraphobie, etc.
Elle m'a dit tout de suite que tout avait commencé lors de la naissance de son fils qui a maintenant 24 ans et que cet épisode avait été si traumatisant que sa vie n'avait tout simplement plus jamais été la même par la suite.

J'ai décidé d'utiliser la technique de "Raconter l'Histoire", c'est-à-dire de lui faire raconter l'événement traumatique depuis le début jusqu'à la fin, en l'arrêtant pour faire le tapotage [sur les points d'acupuncture] lorsque j'entendais quelque chose qui offrait une ouverture adaptée.

COMMENTAIRE DE GARY CRAIG : "Une version de cette technique en détails se trouve dans la vidéo "The EFT Course". Voir également les séances avec Rich et Robert dans la vidéo "6 jours à l'administration des anciens combattants". [NDT : les vidéos en anglais de Gary Craig ne sont plus commercialisées. Vous pouvez trouver des exemples de cette techniques dans mes traductions classées sous "EFT méthodes".]

SYLVIA CONTINUE : Je préfère prévenir tout de suite les personnes sensibles de ne pas lire ce qui va suivre. Vous devez également garder à l'esprit qu'il ne s'agit pas là d'une victime de tortures dans un pays du tiers-monde, mais d'une jeune femme de vingt ans assez bien adaptée et en bonne santé, admise à l'hôpital pour avoir le bonheur de mettre au monde son bébé, ce qui après tout est une expérience humaine des plus normales pour une femme adulte. Les "phrases de départ" sur lesquelles nous avons tapoté proviennent de ses expériences telles qu'elle les a verbalisées et sont mises entre guillemets dans ce message.

COMMENTAIRE DE GARY CRAIG : "Les étudiants de la méthode EFT voudront bien examiner ces phrases de départ en détail. Chacune d'entre elle représente l'un des importants aspects que comporte ce cas."

SYLVIA CONTINUE : Ma cliente avait même suivi tout le processus recommandé à l'époque en vue d'une grossesse saine, elle avait pratiqué les respirations, suivi un régime alimentaire adéquat et se sentait confiante, malgré un peu d'anxiété bien sûr, dans le fait que tout allait se passer le mieux du monde.

La première chose qui s'est produite, c'est qu'un goutte-à-goutte a été placé dans son bras et que, lorsqu'elle a protesté, on lui a dit: "C'est le bébé qui est important maintenant, pas vous".

Elle a ensuite été "examinée" pendant les trois heures suivantes par un défilé de parfaits inconnus, dont aucun ne s'est présenté, faisant des commentaires qu'elle a interprétés dans le sens où il devait y avoir quelque chose qui ne tournait pas rond chez elle, que ça allait être "un truc à complications", qu'il fallait "la mettre sur la liste des patients à haut risque", et autres déclarations du même type (chacune de ces déclarations ayant fait l'objet d'une phrase de départ dans le traitement EFT).

Pendant ce temps, son niveau d'anxiété augmentait en même temps que la douleur des contractions qui commençaient à se faire plus rapprochées, de sorte qu'au moment où le processus d'accouchement est entré dans la phase finale de délivrance, elle était extrêmement terrorisée et pensait : "Oh mon Dieu, ça se passe horriblement mal" avec "Je ne peux pas supporter cette douleur" et, de manière significative, "Ces gens-là ne se soucient pas du tout de moi".
A la fin, elle "n'était plus capable de contenir sa panique", alors "ça s'est refermé sur moi comme un sac noir" et "j'ai complètement paniqué et je me suis mise à gesticuler dans tous les sens comme une folle".

Elle s'est entendu dire à plusieurs reprises : "Arrêtez de vous donner en spectacle", ainsi que "Reprenez-vous" et "Ne vous comportez pas comme une gamine". Impuissante comme elle était à ce moment, elle a plongé dans la panique totale et l'horreur absolue, ce qui augmentait sa sensation que "tout ce qu'elle faisait était mal".

À ce stade, ses jambes étaient attachées dans des étriers métalliques fixés au lit. "Je n'arrivais pas croire ce qu'ils étaient en train de me faire" et "Je n'avais plus aucun contrôle sur mon corps".
La délivrance aux forceps a été atroce, la tête du bébé était creusée profondément et il a été emporté hors de la salle. Elle pensait: "Je ne verrai jamais mon bébé vivant" et "Si je n'avais pas tout fait de travers mon bébé ne serait pas mort". Personne à aucun moment n'a pris le temps de l'informer de ce qui se passait et "tout le monde m'ignorait comme si je n'existais même pas".

La naissance par forceps avait détaché le placenta qui était resté en place. Alors, une grosse femme indienne apparut, "elle portait un gros objet métallique en forme de cuillère pour racler le placenta". L'opération a été réalisée sans aucune sorte d'anesthésie tandis qu'on l'admonestait à plusieurs reprises en lui disant d'arrêter de crier parce que "vous savez, il a d'autres femmes qui essaient d'accoucher à côté". Ce souvenir a fait monter l'intensité émotionnelle jusqu'à faire exploser l'échelle de Richter et nous avons dû ajouter des mouvements oculaires supplémentaires à la gamme des 9 actions parce que ses yeux ne suivaient pas du tout, ses pupilles devenaient fixes et dilatées dès qu'on arrivait à cet ensemble particulier de souvenirs.
Soit dit en passant, les blessures subies au cours de ce "grattage du placenta" ont provoqué des saignements par la suite et "il m'a fallu 4 ans pour les guérir".

Elle a ensuite été laissée seule pendant une heure ou deux avec les jambes toujours prises dans les étriers métalliques, sauf qu'à un moment une infirmière est arrivée et "a commencé à l'éponger comme quelqu'un qui nettoierait les toilettes publiques et avec autant de sentiment". Et "juste comme vous pensiez qu'il ne pouvait plus rien vous arriver de pire", un médecin est arrivé et a commencé à la recoudre avec une grande aiguille arrondie, sans rien pour amoindrir la douleur, et ce, dans des tissus qui en temps normal sont déjà plus sensibles que la peau ordinaire et qui, à ce moment-là, étaient meurtris et déchirés. "J'ai pensé que j'allais mourir", et "J'ai prié Dieu de me laisser m'évanouir s'il vous plaît", et "Ma voix avait disparu de mes cris" et encore "Ils ne se soucient pas ce qu'ils me font".

Quand finalement elle a été mise dans un lit de la salle commune ("Ils s'attendaient à ce que je marche" et "Je voulais seulement mourir" et "Ils m'ont attrapée n'importe comment et m'ont jetée dans un fauteuil roulant" et "La douleur était plus forte que ce que je pouvais supporter"), elle s'est retrouvée couchée dans le lit et a "réalisé que je n'étais rien".

À ce stade, j'ai arrêté la séance parce que nous avions couvert les principaux souvenirs entourant les événements, et malgré que tous les aspects n'aient pas été entièrement résolus je sentais que des progrès sérieux dans cet événement avaient été faits. La cliente était épuisée et en avait assez, à mon avis. Elle a dit qu'elle ressentait un énorme sentiment de paix et de soulagement.

Notes et Observations [de Sylvia Hartmann-Kent] :

1. J'ai aussi accouché dans des circonstances très similaires. J'ai donc fait le tapotage sur toutes les formulations avec la cliente, tant pour un soutien moral que pour ajouter mes intentions au processus; je suis sûre que ceci est effectivement un excellent moyen d'éliminer complètement le problème de la projection tout en travaillant avec les clients, ainsi que d'empêcher les problèmes personnels du praticien d'interférer avec ceux des clients. Cela conduit à un excellent rapport d'empathie qui vous permet de capter des informations importantes quant au moment où "ça suffit", par exemple, et cette cliente m'a même dit qu'elle avait beaucoup apprécié le fait de me voir faire le tapotage plutôt que d'avoir à penser par elle-même aux endroits où se trouvent les points.

2. Pendant le rappel des pires souvenirs, je lui tenais la main et je tapotais moi-même sur elle avec l'autre main. Faire le tapotage soi-même sur le client plutôt que de le regarder le faire est une chose très puissante qui peut déplacer les problèmes et beaucoup aider la personne, parfois c'est en fait la seule chose qui va faire la différence que vous recherchez pour le client.

3. Cet événement a de trop nombreux aspects et répercussions qui ne peuvent être traités en une seule séance. Strictement parlant, ce n'était pas un seul événement mais une série d'événements traumatisants, survenant les uns après les autres, chacun ayant un impact énorme sur l'estime de soi de la cliente et, à long terme, des répercussions durables dans tout un éventail de domaines, de l'abondance au bonheur, de l'épanouissement sexuel à la confiance dans ses relations aux autres, dans son attitude envers l'autorité, et bien d'autres domaines encore.

Je dirais que nous avons complètement éliminé environ 20% des souvenirs problématiques et réduit le reste de manière significative. Bien que j'aime travailler beaucoup plus rapidement que cela en général et que j'aie tendance à aller jusqu'à 100% de résultat en une seule séance pour un seul symptôme ou pour un groupe bien défini de symptômes, dans ce cas précis il m'a semblé que ce serait manquer de respect envers la cliente et ses expériences.

4. Même si j'avais senti que j'avais effacé avec succès tout ce qui devait être effacé, j'aurais quand même demandé à la cliente de revenir pour une nouvelle séance. Dans ce cas précis, c'était obligatoire de lui fixer un autre rendez-vous parce qu'il y avait quelque chose à quoi nous n'avions même pas touché, qui était son sentiment intense de colère et de rage envers le personnel de l'hôpital, envers son mari qui ne l'avait pas protégée, et envers elle-même pour ne pas avoir réussi à faire face à la situation mieux que cela. Ces émotions étaient probablement les déclencheurs de nombreux symptômes, dissimulés derrière les traumatismes et événements de forte intensité.

J'offre cette histoire de cas à mes compagnes féminines dans cette liste [de praticiens qui s'échangent des histoires de cas] pour leur rappeler qu'il faudrait peut-être jeter un coup d'oeil à certains événements pouvant se situer bien en-dessous de leur niveau de conscience, et ce, depuis un nombre inconnu d'années. Ce cas m'a fait replonger dans la réalité du fait qu'un traumatisme d'accouchement est une occasion de premier ordre pour chercher à obtenir des changements dans la santé, l'estime de soi et le comportement.

Je voudrais offrir aussi cette histoire de cas aux hommes, aux maris et aux praticiens de la santé comme un rappel pour démontrer que ce qui est soi-disant "une fonction simple et naturelle, après tout, tout le monde naît, vous allez bientôt reprendre le dessus!" est en fait une situation qui a le potentiel de détruire la vie à long terme et un événement des plus puissants.

Ma cliente est sur le point de "reprendre le dessus". Après 24 années terribles ! Après une vie adulte remplie d'occasions manquées, de manque de joie, de manque de bonnes expériences. Elle devra se pencher sur le deuil de tout cela aussi, mais grâce à l'EFT, elle sera en mesure de sortir de là pour aller vers un avenir sans ce fardeau terrible à porter.

Silvia Hartmann-Kent

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