dimanche 17 octobre 2010

EFT : Le récit d'une psychothérapeute professionnelle

Suivi sur 10 ans d'un cas de phobies multiples et de dépendance,
présenté par le Dr Patricia Carrington, psychothérapeute, professeur d'université (Princeton) et pionnière de l'EFT.
Une plongée dans les tout premiers débuts de l'invention de la méthode EFT.

[Note de Pivoine : Pour les professionnels de la santé ainsi que pour les gens ordinaires qui lisent pour la première fois ce blog, je veux préciser que l'EFT (Emotional Freedom Techniques) est une méthode de soulagement des problèmes émotionnels dans lequel le travail verbal s'accompagne de la stimulation d'une série de points d'acupuncture avec les doigts. Cette méthode peut être utilisée sur soi-même aussi bien que sur une autre personne dans le cadre de la famille ou d'une intervention thérapeutique professionnelle. Vous pouvez découvrir comment l'utiliser en lisant mes posts classés sous "EFT c'est quoi" et "EFT comment" ainsi que la page "Apprendre EFT".

[Le texte ci-dessous date d'une dizaine d'années et parle de l'époque où, aux Etats-Unis, des pionniers - Roger Callahan et, à sa suite, Gary Craig et Patricia Carrigton - ont découverts que par les points d'acupuncture de la médecine chinoise on pouvait également soulager le mental et l'émotionnel. Les premiers praticiens EFT s'échangeaient entre eux leurs études de cas, ce qui est devenu par la suite la "newsletter" hebdomadaire de Gary Craig distribuée par e-mail à plus de 300 000 personnes anglophones de par le monde. C'est de cette newsletter que viennent les textes que j'ai traduits dans ce blog. Aujourd'hui, Gary Craig a pris sa retraite et fermé son site emofree.com mais vous pouvez toujours retrouver les originaux anglais de mes textes par l'intermédiaire du site http://www.eftuniverse.com/
[Dans les pays francophones, la méthode EFT a eu un peu de mal à démarrer à cause du problème de la langue, mais on trouve de plus en plus de praticiens EFT et de possibilités de stages de formation en français au Québec, en Belgique, en Suisse romande et en France. NDT]

Traduction de la page :
**http://www.emofree.com/Fear/multiplephobias.htm**

Gary Graig, fondateur de l'EFT, nous présente ce cas :
"Le Dr. Patricia Carrington n'est pas étrangère à cette liste [de gens s'échangeant leurs études de cas] car elle nous a apporté de nombreuses contributions très intéressantes dans le passé. Certains d'entre vous la connaissent en tant que directrice de recherche à l'ACEP tandis que d'autres ont eu un contact avec elle à travers le programme du "Certificat d'Etude de l'EFT" (EFT-CC, Certificate of Completion). Elle est également une sommité en psychologie énergétique et travaille dans ce domaine depuis beaucoup plus longtemps que la plupart d'entre nous (moi y compris).
"Maintenant, voici le message de Pat - écrit dans son style narratif détaillé. Il démontre les effets durables de l'EFT tout en nous emmenant à travers (1) de nombreux types de réactions de la cliente (2) des aspects multiples, (3) le problème de "l'apex" [négation des résultats de l'EFT] (4) la valeur de la persévérance. Vous apprécierez également le crescendo final dans lequel la qualité de ce travail de traitement de phobies multiples a été testée plusieurs fois dans des situations réelles. Bien à vous. Gary"

Lettre du Dr. Patricia Carrington :

Il ya des moments où la nature semble nous aider en testant notre travail avec EFT pour voir si c'est "pour de vrai". Mon expérience avec "Louise" est un excellent exemple de cette situation et montre aussi l'extraordinaire pouvoir durable de cette approche.
Lorsque Louise m'a consultée pour la première fois, c'était pour des problèmes qu'elle avait concernant le fait de "quitter la maison". Elle était hautement compétente dans son métier de cadre supérieur dans une grande entreprise. C'était une femme grande, jeune, les yeux étonnamment bleus dans un joli visage, avec les manières d'une enfant exubérante. Elle a souvent fait irruption dans mon bureau comme un tourbillon et commencé à parler bien avant d'être assise.
À l'âge de 32 ans, Louise vivait encore chez ses parents et presque chaque jour se disputait verbalement avec sa mère, envers qui elle était néanmoins très dépendante. Elle ne pouvait pas prendre sa voiture pour parcourir les 30 kilomètres séparant sa maison de mon bureau parce qu'elle avait peur de conduire sur les autoroutes et sur les ponts (il fallait traverser le fleuve Hudson), et donc, les rares occasions où elle m'a rendu visite en personne, c'est sa mère qui a dû la conduire. Le reste du temps, nous avons travaillé au téléphone.

METHODOLOGIE
Aussi étrange que cela puisse paraître, la psychothérapie de Louise a eu lieu il y a plus de dix ans. C'était l'époque où l'EFT n'avait pas encore pris sa forme "officielle", de sorte qu'à ce moment-là je n'ai pas pensé que je pouvais utiliser une procédure de tapotage telle que l'EFT pour gérer les problèmes de dépendance de Louise et je me suis donc limitée à l'utiliser pour faire face à ses peurs. Aujourd'hui, bien entendu, j'appliquerais l'EFT immédiatement pour le type de troubles de la personnalité profonde qu'elle présentait. Si j'avais pu le faire à cette époque, cette technique nous aurait probablement permis d'atteindre des couches plus profondes de son problème beaucoup plus tôt et avec une plus grande efficacité.
C'étaient les tout premiers temps du mouvement de la psychologie énergétique, alors tout ce dont je disposais était une méthode rudimentaire, un algorithme simple que j'avais développé à partir de l'enseignement de Roger Callahan que de dernier appelait "les Techniques Callahan". J'avais appelé mon approche "Acutap", et il s'est avéré par la suite que c'était remarquablement similaire à bien des égards à la méthode EFT de Gary Craig (méthode que soit dit en passant ce dernier avait développée de façon complètement indépendante au même moment alors que nous ne nous connaissions pas et qu'aucun de nous deux n'avait entendu parler du travail de l'autre).

Même si ma méthode ne comportait pas ce que je considère comme quelques-uns des attributs les plus puissants de l'EFT - l'introduction de la phrase de rappel, la délimitation subtile de multiples aspects du tapotage pour un problème spécifique, les variations cliniques de ce qui a été appelé "l'Art de la Délivrance" (Art of Delivery) - mon algorithme de base unique s'avérait étonnamment efficace dans de nombreux cas. Lorsque j'ai eu connaissance de l'EFT, j'y ai fondu ma méthode Acutap et l'EFT est devenue ma méthode de psychologie énergétique depuis ce jour.
A l'époque où je voyais Louise, j'étais encore un peu timide quant à l'utilisation d'une méthode de tapotage sur les points d'acupuncture parce qu'en "ce temps-là" (il y a une éternité me semble-t-il) la plupart des psychothérapeutes n'utilisaient pas de telles méthodes et que de nombreux collègues résistaient à mes efforts pour leur en parler .

Avant que je commence à utiliser le tapotage avec Louise, nous avions déjà fait des progrès en parlant de ses problèmes pour l'aider à "grandir" un peu émotionnellement. Elle avait aussi appris ma méthode appelée Méditation Cliniquement Standardisée (CSM) qui était un processus de relaxation servant à calmer un peu son tempérament de feu. En conséquence de ces interventions, elle avait commencé à sortir avec un homme qui l'intéressait sincèrement. Puis, à la surprise générale (y compris celle de cet homme!) "Ted" avait soudainement été transféré en Australie et lui et Louise s'étaient retrouvés à deux endroits opposés de la Terre.
Puis un jour, Ted avait téléphoné à Louise pour lui dire que son employeur allait lui donner une semaine de vacances, et c'est là que le défi avait été posé, me conduisant à utiliser le tapotage avec Louise. Ted ne pouvait pas rentrer au pays pour ses vacances parce qu'il avait à gérer des travaux en Australie, mais il offrait à Louise de lui payer son voyage si elle voulait se joindre à lui pour cette semaine. Voudrait-elle faire ce voyage en avion ?

TRAVAIL SUR LES PHOBIES
Louise fut projetée dans le conflit. Je n'ai pas été surprise de voir que cette jeune femme qui craignait les auroutes et les ponts soit absolument terrifiée à l'idée de voyager en avion. Toutefois, à sa manière précipitée habituelle, Louise m'a annoncé qu'elle était déterminée à rejoindre Ted pour passer cette semaine en Australie avec lui, bien qu'elle soit terriblement effrayée à l'idée d'être dans des lieux étrangers et même "pétrifiée par le voyage en avion". Pouvais-je la "guérir" de ses peurs ?
C'était une tâche assez vaste. "Je" (notez bien que Louise n'avait pas dit "nous", c'était quelque chose que je devais faire pour elle) n'avais que trois semaines devant moi pour accomplir ce miracle. Les peurs multiples de Louise étaient encastrées dans un contexte de troubles profonds de la personnalité organisés autour de sa dépendance à sa mère (et à toutes sortes de figures maternelles parmi lesquelles la psychothérapeute qui vous écrit.) Son immaturité évidente à certains niveaux aurait normalement demandé une très longue psychothérapie pour être traitée. Allais-je oser m'y attaquer en trois semaines avec une procédure relativement inédite ?

J'ai décidé que j'allais oser. Après tout, qu'avions-nous à perdre en essayant ? J'ai suggéré à Louise qu'elle demande a sa mère de la conduire à mon bureau afin d'expérimenter une "nouvelle technique révolutionnaire utilisée pour des phobies". Peut-être pourrions-nous y trouver notre chemin vers une solution. Je n'avais aucune idée à ce moment-là que je pouvais utiliser une procédure de tapotage comme celle-ci au téléphone - Roger Callahan, Gary Craig et les autres n'avaient pas encore démontré cette possibilité pour nous. Aujourd'hui, bien sûr, je n'hésiterais pas à utiliser l'EFT par téléphone pour une situation de ce genre et ce serait sans doute très efficace.
La mère de Louise l'a donc conduite chez moi en voiture, puis a patiemment attendu une heure et demie dans la voiture tandis que sa fille et moi travaillions sur ses phobies multiples articulées autour du problème d'être seule loin de sa mère. Je lui ai expliqué qu'il fallait prendre les choses au début. Il fallait s'attaquer à sa peur de voyager seule en voiture avant de pouvoir s'occuper de sa peur de voler en avion seule vers l'Australie - c'était logique.

Dans cette première session, nous avons géré la peur de conduire sa voiture sur l'autoroute. Tap-tap-tap, et après environ 6 séquences, la peur avait diminué, passant de 10 à 2 sur l'échelle de 0 à 10. Dans le "temps jadis" de la psychologie énergétique, ce "2" aurait été le meilleur résultat que je pouvais espérer. Je ne m'attendais pas à voir aucun client descendre à zéro, et bien sûr, ils ne le faisaient pas.
Ensuite, nous avons abordé sa peur des ponts. Nous l'avons aussi ramenée au niveau 2. Puis Louise m'a confié qu'elle était en proie à la peur que sa mère puisse mourir. Elle avait des pensées obsessionnelles à ce sujet tous les jours et ne pouvait les chasser de son esprit. Tap, tap, tap et ce problème a été ramené à un niveau négligeable. Puis nous avons abordé sa peur d'être seule sur son lieu de travail. Elle ne pouvait pas travailler en dehors des horaires officiels sans avoir peur d'un danger non identifié, ce qui lui faisait perdre sa concentration. Ce problème a été ramené à 2.

Louise a continué ainsi pendant une heure et demie et elle avait une énergie formidable. Nous avons éliminé peur après peur. Puis elle a jailli hors de sa chaise et m'a demandé comment elle pouvait être sûre que ce sentiment d'en être débarrassée n'allait pas disparaître une fois qu'elle serait arrivée sur la "vraie autoroute"...
Je lui ai dit que nous ne savions pas ce qui se passerait, mais qu'il y avait une probabilité de 80% que cela puisse durer. Je lui ai ensuite demandé de conduire sa voiture seule pour venir à son rendez-vous la prochaine fois, environ 30 km de chez elle à mon bureau et retour. Quelque part, je sentais qu'elle pouvait le faire maintenant et que cela serait une étape importante avant s'attaquer à sa phobie des voyages en avion lors de la prochaine séance. Mais elle devait me promettre que si elle se sentait anxieuse pendant la conduite, elle arrêterait la voiture et se garerait le long du trottoir pour pouvoir tapoter sur sa peur jusqu'à ce que l'intensité descende au moins jusqu'à 2 à nouveau. Elle a dit qu'elle le ferait cela et a disparu. Louise se déplaçait à une vitesse incroyable !

La semaine suivante, elle était de retour, ayant conduit seule sur cette distance de 25 km. Aucune mère à l'horizon. Ensuite, elle s'est assise, elle a fixé son regard intense sur moi et m'a dit que bien qu'elle ait fait tout ce chemin seule, elle avait néanmoins dû "s'arrêter plusieurs fois pour faire le tapotage !" Elle était renfrognée en disant cela, comme si la méthode l'avait laissée tomber. Je lui ai demandé si c'était cela qui l'avait aidée - si grâce au tapotage elle avait pu faire diminuer son niveau de détresse. Elle a hoché la tête, mais elle semblait douteuse. Le fait qu'elle n'ait jamais été en mesure de conduire seule sur cette distance et sur les ponts auparavant n'était apparemment pas considéré par elle comme quelque chose d'important. J'ai été ainsi obligée d'apprendre que ce type d'effet "apex" (ou de réaction de refus) est typique de certains clients, mais est absent chez d'autres.
Quand j'ai demandé à Louise si durant la semaine précédente elle avait eu ses habituelles craintes concernant la mort de sa mère, elle m'a regardée avec étonnement. Non, elle ne pensait pas les avoir eues. Elle n'y avait pas vraiment réfléchi. Et qu'en était-il de ses craintes de rester seule dans l'immeuble de bureaux où elle travaillait ? En fait, a-t-elle dit, elle était restée seule un soir pour finir un travail et, en y repensant maintenant, elle constatait qu'elle n'avait remarqué aucune peur à ce moment-là.

Jusqu'ici tout allait bien malgré le manque de reconnaissance de ses progrès de la part de Louise. Nous avons commencé à travailler sur la phobie de l'avion, qui s'est avérée avoir des aspects multiples. Louise avait peur de partir loin de chez elle, d'être seule dans une ville étrangère, d'être dans un lieu clos, d'être dans un endroit où elle n'avait aucun contrôle et se sentait "piégée", d'être dans un lieu en hauteur, d'avoir un accident d'avion, de ressentir la sensation bizarre lorsque l'avion décolle du sol ou descend pour aterrir... Tout ce que vous pouvez imaginer lui faisait peur.
Une par une, nous avons abordé ces peurs pendant les séances suivantes, et bientôt elle s'est sentie à l'aise avec l'idée de prendre l'avion - du moins quand elle était en train de discuter dans mon bureau. Alors je lui ai donné à faire des "devoirs à la maison". Elle devait se rendre à l'aéroport et regarder les avions atterrir et décoller, tapoter sur toute anxiété qui pouvait survenir tout en les observant, et puis marcher jusqu'au comptoir de vente des billets et tapoter encore pour toute anxiété pouvant émerger.

VERIFICATION DANS LE MONDE REEL
Lorsque Louise est revenue la semaine suivante, elle avait dans son sac des billets d'avion pour l'Australie. Quand elle avait tapoté sur son anxiété à l'aéroport, elle avait ressenti une envie soudaine d'acheter les billets. Elle avait pris la décision d'y aller ! Notre travail sur cette question était désormais presque terminé, il ne restait que quelques détails à dégager et Louise serait prête à décoller avec enthousiasme pour de lointains rivages.
C'était ce que je pensais, mais...
Le soir précédant son départ, j'ai reçu de Louise un appel téléphonique désespéré. "Dr. Carrington, j'ai terriblement peur !" Je lui ai demandé si ses peurs de voyager en avion étaient revenues, sûre que c'était le cas. Mais non, m'a-t-elle dit. Elle se sentait absolument bien en ce qui concernait le vol. Ce qui l'effrayait, c'était le fait qu'elle ne pleure pas à l'idée de quitter ses parents, et le fait qu'elle n'ait pas peur de quitter sa mère. Elle voulait savoir si c'était "normal" de NE PAS pleurer à ce moment et de sentir que c'était bien pour elle de partir seule - ou bien s'il s'agissait d'un "mauvais présage".

Je n'ai pas perdu beaucoup de temps avant de lui assurer que c'était tout à fait "normal" pour une femme de 32 ans de ne pas pleurer en partant sans sa mère pour un voyage en avion d'une semaine. Nous nous sommes mises à tapoter pour sa peur de "ne pas avoir peur" et pour sa peur de "ne pas pleurer", et nous avons éliminé ces peurs au téléphone. Louise maintenant se sentait bien, elle était prête à partir pour l'Australie, ce qu'elle fit.
Une semaine et demie se sont écoulées avant qu'elle ne me téléphone à son retour aux États-Unis. Haletante, elle m'a raconté ce qui s'était passé. Si j'avais voulu créer un parcours d'obstacles pour vérifier la force des effets du tapotage, je n'aurais jamais imaginé un test aussi efficace. Voici le voyage de Louise comme elle me l'a raconté.

Quand l'avion avait quitté l'aéroport pour aller d'abord jusqu'à Chicago, elle avait éprouvé étonnamment peu de peur, sauf peut-être une ou deux fois où elle avait dû tapoter un peu, mais c'était tout. Quand elle est arrivée à Chicago et qu'elle a dû attendre une heure entre les deux avions - c'était une ville étrangère et elle était seule - elle n'a encore rencontré aucun problème.
C'est seulement après que l'avion soit parti pour un voyage sans escale vers Los Angeles que le vrai "test" de la nature a commencé. Environ une heure après le décollage de l'aéroport O'Hare, le pilote a annoncé dans le haut-parleur que les passagers devaient attacher leur ceinture de sécurité et rester à leur place parce que l'un des moteurs de l'avion avait "pris feu". Il a dit qu'ils allaient devoir retourner à l'aéroport O'Hare et "essayer d'atterrir", mais qu'ils pourraient avoir à faire un atterrissage d'urgence dans un champ avant d'y arriver et qu'ils "ne devraient pas s'inquiéter" si cela se produisait (!).

Selon Louise, à cette annonce "les gens ont commencé à crier et à prier dans les allées et certains commençaient à vomir." Mais, me dit-elle nonchalamment, elle a été l'un des rares passagers qui n'ont pas paniqué. Cependant, elle s'était quand même sentie plutôt mal à l'aise quand ils ont atteint l'aéroport O'Hare et qu'elle a vu les pompiers et les ambulances alignés, attendant de pouvoir les sauver. "Je ne me suis pas sentie bien du tout, mais je n'ai pas paniqué", m'a-t-elle dit.
Ce n'était pas tout à fait la fin de ses épreuves. Après quelques heures d'attente dans l'aéroport O'Hare, les passagers ont été embarqués sur un autre avion à destination de Los Angeles. Mais au lieu d'y aller sans escale, ils ont été informés que l'avion allait atterrir temporairement à Salt Lake City sans qu'on leur en donne la raison. Quand il a atterri, Louise a vu une équipe médicale d'urgence monter dans l'avion, aller jusqu'à la dixième rangée de sièges derrière elle et enlever le corps d'un homme qui était mort d'une crise cardiaque pendant le vol - on pensait qu'il avait dû être traumatisé par l'incendie de l'avion précédent. Louise m'a dit qu'elle s'était sentie très désolée pour cet homme quand elle a réalisé ce qui s'était produit, mais que là encore, "elle n'avait pas paniqué".

Il y avait encore des événements qui l'attendaient. Finalement, ils ont débarqué à Los Angeles pour découvrir qu'ils avaient manqué leur correspondance pour l'Australie parce que l'avion trans-océanique ne pouvait pas attendre et prendre plus de retard. La compagnie a donc annoncé qu'elle allait installer les passagers dans un motel à ses frais afin qu'ils puissent prendre un autre avion le lendemain. Ils étaient obligés de passer la nuit à Los Angeles.
Louise a toujours eu peur d'être dans une ville étrangère. Maintenant, elle était dans une ville étrangère en vertu de ce qui ne peut être décrit que comme des circonstances plutôt étranges. Elle a géré cela sans difficulté. Dans l'avion, elle était assise à côté d'une femme très gentille et elles ont décidé d'aller dîner ensemble à Los Angeles. Louise a oublié d'avoir peur d'une "ville étrangère" et l'escale s'est bien passée.

Leur nouvel avion a décollé pour l'Australie le lendemain matin et Louise a décrit son vol au-dessus du Pacifique comme "un jeu d'enfant" parce que rien ne s'est passé, il n'y avait qu'un océan tranquille à regarder.
Elle a ensuite passé une semaine merveilleuse avec Ted en Australie et son voyage de retour aux USA a été facile. Quand elle m'a téléphoné pour me le raconter, elle était heureuse de son voyage mais (surprise, surprise!) avait une fois de plus eu des discussions très désagréables avec sa mère. Il était clair qu'il restait encore beaucoup de travail thérapeutique à faire. Rome ne s'est pas construite en un jour, comme on dit.
Cependant, à partir de ce moment-là, prendre l'avion n'a plus été un problème pour Louise, pas plus que de conduire sur les autoroutes ou de rester dans les bureaux après les heures ouvrables. L'année suivante, sur une promotion de sa société, Louise a dû se mettre à voyager partout dans le monde pour le compte de l'entreprise, et elle s'y est adaptée.

DIX ANS PLUS TARD...
Maintenant, dix ans plus tard, Louise est mariée et mère de deux enfants. Elle a atteint un poste plus élevé à la direction de son entreprise, elle a beaucoup voyagé en avion depuis cette psychothérapie et elle n'y a plus pensé. C'était comme si elle n'avait jamais eu une telle peur incapacitante.
L'un des aspects les plus intéressants de l'expérience de Louise est qu'il semble qu'elle ait eu une oblitération permanente de sa phobie - dix ans, c'est plus que le fameux "intervalle de cure" de 7 années décrété par la médecine. Pendant ce temps, les anciens mauvais souvenirs de Louise en avion ont été remplacés par une foule de souvenirs positifs. Elle a connu tellement de voyages confortables et faciles à bord des avions que sa réaction première n'est plus pour elle qu'un vague souvenir. Rien n'est meilleur que l'accumulation de bons souvenirs pour effacer des souvenirs négatifs - et dans ce cas, apparemment, de façon permanente.

Mes bons voeux à vous tous!

Pat Carrington

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