mercredi 16 mars 2011

EFT : Gestion d'une catastrophe

L'EFT est un moyen extraordinaire de gérer les conséquences d'une catastrophe, de quelque nature qu'elle soit.

Ici, il s'agit de l'attentat terroriste dans une boite de nuit à Bali en 2002. Il est à noter que l'auteur de la lettre, praticien EFT aguerri, commence par faire le tapotage sur lui-même dès qu'il est averti de l'attentat dans lequel sa fille est impliquée. Pour toute personne aidant les autres, il est important de s'aider soi-même ou de se faire aider.

Utilisation d'EFT après un attentat terroriste

Traduction de la page en anglais :
http://www.emofree.com/Trauma/terroristattack.htm**

Présentation par Gary Craig, fondateur de la méthode EFT :

"Cet article porte sur un traitement en profondeur du traumatisme résultant d'une attaque terroriste. C'est une lecture essentielle pour ceux qui veulent pouvoir appliquer l'EFT à des problèmes du même type.
"La fille du Dr David Lake, de passage dans l'île de Bali, s'est trouvée impliquée dans une attaque terroriste. Même si elle n'a subi aucun dommage physique, le traumatisme affectif devait être géré. Comme allez le voir, David a appliqué l'EFT en expert.
"Le Dr David Lake vit et pratique à Sydney, en Australie, et sa fille Tanya, qui est photographe, était dans l'île pour des raisons professionnelles. Peu de temps après cet événement, Tanya a été interviewée pour un journal local. L'interview complète est donnée à la fin du message de David.
"J'ai également ajouté deux commentaires personnels dans le cours du message de David, permettant d'aider à appliquer l'EFT pour ce type de circonstances.
"Bien à vous. Gary"

Lettre du Dr David Lake, MD :

Ma fille Tanya s'est trouvée à l'épicentre de l'attentat de Bali. Avec sa permission, je vous envoie les détails du traitement par EFT du traumatisme qu'elle a subi cette nuit-là. Elle est photographe professionnelle et a donné une interview à son journal, dont le texte intégral est à la fin de cet article.

Mon espoir est que beaucoup d'autres personnes touchées par ce type de catastrophe en viennent à utiliser l'EFT - personnellement ou professionnellement - comme antidote simple et efficace contre l'horreur de ces événements.
La technique est relativement simple. La clé pour un bon résultat, à mon avis, est la concentration et la persistance.
Pour la concentration, l'outil est la technique de Gary Craig qui s'appelle "Raconter l'histoire". Pour la persistance, il s'agit de s'assurer que de nombreuses séquences d'EFT seront appliquées au cours de la séance de traitement - parfois nous avons même tapoté de façon constante.
[Pour la technique "Raconter l'histoire", voir la rubrique "EFT méthodes".]

PRELUDE
D'abord il y a eu l'appel à 4 heures du matin. "Seulement des blessures légères". Mais elle est sous le choc, et très loin. Je commence par faire le tapotage sur moi-même [voir méthode dans la page "Aprendre EFT"] dès ce moment-là, ainsi que le lendemain pendant le déroulement de l'organisation d'un vol de retour, pendant la lecture des détails dans les reportages sur Internet, et tout en contactant le reste de la famille. Le nombre de morts confirmés s'élève de 3 à 183 en 36 heures. Le niveau d'anxiété et d'inquiétude profonde est beaucoup plus intense que tout ce que j'ai vécu auparavant, même en sachant qu'elle est vivante. Le lendemain matin, nous l'attendons à l'aéroport en compagnie de centaines de personnes très inquiètes.

RÉALITÉ
Tanya apparaît, elle a l'air d'aller très bien pour quelqu'un qui a peu dormi depuis plusieurs jours. Elle est optimiste pour le fait d'être en vie, mais elle a vu des choses terribles. Nous partageons nos larmes. Puis, sur le chemin du retour, nous écoutons le récit de la terrible histoire de l'explosion. S'il n'y avait pas eu deux circonstances banales, elle aurait été tuée.

À ce moment-là, je voudrais que nous puissions nous arrêter et utiliser l'EFT immédiatement pour tout le monde, mais ce n'est pas le bon moment. Une fois à la maison, je me rends compte qu'elle va bientôt être interviewée deux fois, et qu'il y a aussi les amis qui arrivent. Je ne veux pas qu'elle soit obligée de répéter son histoire sans avoir d'abord fait l'EFT. Mon collègue Steve Wells [EFT Master également] est à la maison et propose de lui faire faire l'EFT si je ne me sens pas assez en forme - mais je peux le faire. Il est rassurant qu'il soit là.

Le petit ami de ma fille, James, ainsi qu'elle-même sont d'accord pour faire une séance de traitement EFT ensemble. Il a été tellement inquiet à son sujet. Elle lui avait téléphoné également. Je lui demande donc de faire le tapotage en même temps que tout ce que Tanya va dire et ressentir, et de "partager les bénéfices" de cette façon [technique "Borrowing Benefits"], et je ferai une vérification avec lui à la fin de la séance. (Comme il est très enclin à aider Tanya, je ne lui explique pas EFT entièrement - nous commençons tout simplement et c'est un élève très rapide.) Tanya sait déjà tout des bases de l'EFT.

TRAITEMENT
Elle est d'accord pour rentrer dans le récit de l'événement - elle n'en a pas peur et n'est pas bloquée.

COMMENTAIRE DE GARY CRAIG : Contrairement à Tanya, beaucoup de gens ont une montée d'émotion très intense à la seule pensée de raconter l'histoire. Dans ce cas, j'utilise EFT pour "émousser" l'intensité en utilisant des phrases de départ telles que :
- "Même si je ne veux pas raconter cette histoire ...." - "Même si cette histoire me fait encore peur..." - "Même si je me sens mal à l'aise en ce moment...."
Je continue à tapoter jusqu'à ce que l'émotion ait baissé jusqu'à entre 0 et 2 sur l'échelle d'intensité de 0 à 10. Cela permet d'éviter un excès inutile de douleur émotionnelle et de ramener à zéro la plus grande partie du problème avant même de commencer.

DAVID CONTINUE : La première chose qui se produit quand on commence l'histoire, c'est qu'elle se branche sur l'impression d'un mal extraordinaire qui, dit-elle, "touche mon cœur comme une araignée". Nous nous arrêtons pour traiter cette émotion dans sa poitrine, puis dans son estomac (comme si elle se "déplaçait") jusqu'à ce qu'elle diminue. Puis nous traversons l'épisode de l'incident en utilisant l'EFT pour toute intensité qui se manifeste pendant qu'elle se remémore l'événement. Bien que tous ces souvenirs soient reliés à des pensées très intenses, ses réactions émotionnelles se font de plus en plus neutres au fur et à mesure que nous avançons.

COMMENTAIRE DE GARY CRAIG : Faire le tapotage sur les symptômes physiques est souvent un excellent moyen de neutraliser le problème sans douleur émotionnelle. Les symptômes physiques tendent à se déplacer tout autour du corps au fur et à mesure où on applique l'EFT. C'est ce que j'appelle "faire la chasse à la douleur" et je constate qu'après que les symptômes physiques aient été soulagés, les intensités émotionnelles correspondantes ont disparu aussi.

DAVID CONTINUE : Je demande à Tanya de tapoter sur le point de la joue à chaque fois qu'elle fait une pause pour me donner un feedback ou pour m'informer d'une association d'idées. Ensuite, je lui dis d'utiliser le point de la clavicule, ou le point du petit doigt (et d'autres points que j'aime bien utiliser, par exemple les points de conjonction yin/yang sur l'intérieur ou l'extérieur du poignet), de façon qu'elle soit continuellement en train de tapoter. Nous n'analysons pas ce qu'elle dit - nous tapotons dessus pendant toute la séance, soit en faisant des séquences avec des phrases de départ, soit en suivant le fil de son récit.

Quand elle se sent en détresse et prise par l'émotion, j'utilise la séquence EFT longue (à deux reprises); sinon j'utilise la séquence courte des sept points exclusivement. Parfois, j'utilise une phrase de départ unique pour plusieurs séquences de tapotage. Je me concentre comme d'habitude sur les aspects négatifs (ainsi exprimés) de ce qui s'est passé, mais ici je suis sensible au fait que le pire est pleinement représenté dans le corps à un certain niveau de toute façon - dans le travail sur un traumatisme, l'EFT est un traitement à plusieurs niveaux qui travaille souvent mieux dans le corps sans qu'on ait besoin de paroles intelligibles. D'où mon utilisation intensive du tapotage.

Je ne demande pas à ma fille d'évaluer l'intensité de 0 à 10, mais j'évalue l'effet de l'EFT en observant son niveau de détente, ses hésitations, le ton de sa voix et ses soupirs. Nous sommes complètement accordés. Je fais aussi le tapotage sur moi-même aussi activement que les deux autres pendant toute la séance pour m'aider et me protéger moi-même.

Durant le processus, il devient clair qu'elle a gardé son self-control pendant toute la nuit et n'a pas paniqué. C'était le carnage et le chaos. En dépit d'avoir été renversée par le souffle de l'explosion, elle a pu se joindre à d'autres gens pour donner de l'aide et en recevoir. Dans son esprit, il y avait eu plus de danger pendant la phase où elle s'était éloignée et avait manqué de se faire écraser par de nombreuses motos qui fonçaient à grande vitesse. Ayant pu s'échapper de la scène de destruction en allant vers la plage, elle avait dû faire face à des gens qui la dévisageaient parce qu'elle était couverte de suie de la tête aux pieds, et le propriétaire de son hôtel avait refusé de la laisser régler sa facture et se nettoyer. Il y avait cet aspects surréaliste de la vie qui continue à moins de deux kilomètres du carnage, surtout le lendemain.

Tanya me dit : "Je tapotais sans arrêt tout en quittant la boite de nuit. Quand les motos ont foncé sur moi, je tapotais. Je ne sais pas si cette marche a été courte ou longue (je pense qu'il fallait 30 à 45 minutes pour se rendre à la plage), mais tout ce truc était dans ma tête. Plus tard, à la plage, tout en parlant avec les gens, j'imaginais le tapotage. Je n'arrêtais pas de penser: Je fais de mon mieux..."

Je l'ai aidée à terminer tous les tapotages en "racontant l'histoire" et j'ai doublement vérifié le résultat en la lui faisant raconter à nouveau. L'événement était devenu plus neutre émotionnellement. L'histoire a un deuxième volet, car elle est retournée sur le site le lendemain et a pris des photos des débris et des corps pour son journal. Mais le principal impact de l'horreur était nettoyé.
Ensuite, nous avons vu si elle avait des tensions résiduelles dans son corps - et nous avons tapoté dessus aussi. C'était suffisant pour une séance.

Après la séance, elle a donné ses interviews, raconté son histoire aux amis et regardé les nouvelles à la TV avec la tristesse et le ressenti qui convenaient. Bien sûr, l'EFT n'éliminera pas la colère légitime ni la douleur associées à un tel événement - seule la partie dysfonctionnelle et excessive a été réduite. Elle fait face. James est détendu.

SUIVI
Elle et James ont dormi profondément cette nuit-là. Le lendemain, ils étaient tous les deux "en forme" et avaient envie d'aller nager. Ils ont parlé ensemble toute la journée. Tanya n'a pas eu d'images récurrentes de la catastrophe, ni de pensées intrusives, ni de cauchemars, et elle ne se sentait pas anxieuse à un niveau profond. Elle exprimait la joie d'être en vie - et j'aime la voir ainsi!

Dans la soirée, nous avons fait une autre séance (d'une durée de 2 heures) pour vérifier le traitement déjà fait et voir ce qu'il pouvait être utile de traiter encore. Une partie de l'émotion ressentie dans la poitrine était revenue. Il s'avérait que maintenant il y avait des préoccupations plus philosophiques au sujet du fléau du terrorisme et de sa signification. Nous avons discuté de tout cela tout en faisant le "tapotage en continu", et nous avons aussi parlé de la vie et de la mort, de la guerre et des blessures, mais d'une manière neutre ou positive. James s'est souvenu d'un incident au cours duquel sa vie avait été en danger et nous avons tapoté sur le récit de ce souvenir.

Tanya dit que c'est l'amour et l'affection de sa famille et de ses amis qui l'a le plus aidée.

Je pense qu'elle a reçu un bon traitement pour tous les aspects de l'événement que nous avons pu découvrir. Je vais garder un oeil sur elle.
Dans les médias d'Australie, on commence le deuil pour la perte de nos jeunes ressortissants à Bali. Nous y avons perdu plus de vies proportionnellement que les Etats-Unis pendant les événements du 11 Septembre.

UNE NOTE PERSONNELLE
Tanya était dans le bar irlandais Paddy's lorsque la première bombe a explosé à l'intérieur - 40 personnes ont été tuées sur le coup. Elle s'était déplacée dans un angle éloigné du lieu de l'explosion afin d'échapper à la musique trop forte de Britney Spears. (Quand je pense à cette chanteuse maintenant cela me fait chaud au coeur d'une façon toute nouvelle.) De plus, comme un ami lui avait apporté un second verre, par politesse elle n'avait pas quitté cet endroit et était restée derrière le mur de béton qui lui avait sauvé la vie lorsque l'énorme voiture piégée avait explosé à l'extérieur une minute plus tard.

Ce sont ces hasards de la survie, impossibles à prévoir, que je trouve difficiles à enregistrer, et qui me troublent.

J'étais beaucoup plus inquiet au sujet de ce qui s'était passé que je m'en rendais compte au départ. L'EFT m'a calmé de manière significative. Quand j'ai vu la photo des restes carbonisés du pub irlandais Paddy's, j'ai dû faire beaucoup de tapotage sur moi-même. Et il en a été de même lorsque j'ai regardé à la télévision les reportages sur les grands efforts des gens ordinaires qui ont donné des soins aux blessés dans ces circonstances impossibles.
Je n'arrive toujours pas à penser que cet événement dans lequel Tanya a frôlé la mort a été réel.

CONCLUSIONS
L'EFT fonctionne réellement pour aider à guérir de graves traumatismes. Ce n'est pas que ce traumatisme corresponde aux critères stricts de "stress post-traumatique", mais cela fait encore très mal.

Tanya a utilisé l'EFT comme "premiers secours" durant la nuit du drame - c'est le moment idéal pour s'aider soi-même. Plus tôt vous pouvez traiter votre trauma, mieux c'est.

Je pense aussi que plus vous faites de tapotage EFT pendant une séance de traitement, meilleur sera le résultat.
Des techniques simples peuvent traiter à fond.
Prenez votre temps en utilisant l'EFT et soyez optimiste en sachant que chaque séquence d'EFT favorise la guérison véritable.

Les reportages dans les médias sont aussi traumatisants pour ceux qui les regardent - donc, utilisez l'EFT pendant que vous regardez la télé ou lisez les journaux ou internet.

C'est James qui l'a dit le mieux: "Tanya est une fille extraordinaire".

Dr David Lake, MD, EFT Master
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Voici le texte complet de l'interview de Tanya.

Un mal que "je ne peux pas comprendre"
(par Bernard O'Riordan, Australian Financial Review, 15/10/2002)

"Je pouvais voir des gens par terre sans jambes. Il y avait ce bruit incroyable et des gens qui hurlaient pour leurs amis."
Tanya Lake, photographe à l'Australian Financial Review, est rentrée à Sydney hier, encore sous le choc mais soulagée d'être à la maison après avoir survécu aux explosions de Bali.
Samedi soir, la jeune femme de 26 ans était arrivée au bar irlandais Paddy's, une discothèque dans le district de Kuta Beach, depuis moins d'une demi-heure lorsque que la bombe de la première voiture a explosé. Elle était entrée au Paddy's parce que le Sari Club tout proche, où la première bombe a explosé, était bondé et qu'elle n'aimait pas la musique.
"Tout à coup, il y a eu cette explosion, c'était comme un bruit supersonique, et lorsque je me suis retournée j'ai vu cette immense boule orange et un barman projeté en l'air", dit-elle.
"Comme j'étais tournée, toute cette vapeur chimique et cette poussière sont entrées en force dans ma gorge. Puis la seconde explosion a frappé et m'a soufflée contre un mur. C'est là que j'ai su que quelque chose ne tournait vraiment pas rond."
Mme Lake pense que ce mur contre lequel elle s'appuyait, debout, l'a isolée ainsi que ses compagnons de toutes les conséquences de l'explosion, et lui a peut-être sauvé la vie.
"Ils pensent que c'est le mur qui nous a sauvés. Il n'y a pas eu beaucoup d'autres personnes indemnes comme nous. J'ai des coupures sur les jambes et des contusions assez grandes, mais vraiment rien de grave."
Elle a dit que l'explosion a déclenché un énorme incendie et que les gens ont d'abord pensé qu'il était causé par l'explosion d'une bouteille de gaz. Les explosions ont causé une importante panne d'électricité, plongeant la zone dans l'obscurité à l'exception des flammes des boîtes de nuit en feu.
"J'ai attrapé la main de ce gars et je ne l'ai pas lâchée pendant deux heures", dit Mme Lake. "Nous avons à peine parlé, nous avons seulement marché dans un état d'hébétude jusqu'à notre arrivée à la plage."
Mais ce n'est qu'à l'aube qu'on a pu constater l'ampleur de la tragédie. Mme Lake est retournée à sa chambre d'hôtel, a récupéré son appareil photo et s'est aventurée vers le site de l'explosion pour tenter de récupérer son sac à main et ses effets.
La sécurité était relâchée. Après avoir présenté son laissez-passer de journaliste, Mme Lake a pu se promener librement sur la zone. Elle a été surprise du nombre de civils indonésiens qui erraient autour du site pour récupérer des épaves.
Il ne restait plus rien du Paddy's, ni du Sari Club. Des voitures brûlées jonchaient les rues et des cadavres étaient entassés à l'extérieur des boîtes de nuit.
"Quand je suis revenue sur le lieu du drame le lendemain matin, je me suis retournée et j'ai vu cette rue remplie de sacs mortuaires aussi loin que je pouvais voir", dit-elle.
"Il n'y avait que des tas de corps qu'on hissait dans des ambulances."
Mme Lake, qui se trouvait à Bali pour la dernière étape d'un voyage à l'étranger, a dit que l'attaque terroriste ne l'empêcherait pas de retourner à Bali.
"Je n'ai pas encore réalisé la totalité de la catastrophe, mais je ne vais pas passer ma vie à fuir", dit-elle.
"Parfois, il ya ce mal immense qui existe dans le monde et que je ne peux même pas essayer de comprendre."

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