lundi 15 février 2010

EFT : le TRAUMA SANS LARMES dans un cas typique

Traitement d'un cas grave par la Technique du Trauma Sans Larmes EFT

Attention : réservé aux professionnels avertis.
Les psychothérapeutes diplômés classiques sont amenés, dans leur pratique professionnelle, à traiter des cas qui peuvent être très dramatiques - autrement dit en résumant, ils sont obligés d'écouter des horreurs, ce qui peut même leur créer un "stress post-traumatique" par procuration. C'est pour cela que la supervision et la thérapie personnelle continue leur sont indispensables pour conserver leur équilibre. Les personnes qui n'ont pas la formation requise devraient se limiter à un usage professionnel de la méthode EFT dans un cadre de simple "coaching" et ne pas prendre le risque de recevoir des clients du type qui est décrit dans cet article.

Note: Cet article suppose que vous ayez une connaissance pratique de EFT en plus d'une formation à la psychothérapie. Les débutants peuvent quand même en tirer des leçons, mais il est conseillé d'étudier les vidéos EFT pour une compréhension plus complète. Pour les nouveaux visiteurs de ce blog qui ne connaissent pas EFT : lisez mes posts sous les rubriques "EFT c'est quoi" et "EFT comment" (colonne de droite).

Gary Craig présente ainsi le cas :
"Lori Lorenz nous donne les détails d'un cas de traumatisme intense, un domaine où "seuls les pros devraient s'aventurer" (mon expression consacrée). Les professionnels expérimentés dans le domaine de la santé mentale ont tous connu de ces cas où le client se protège en réprimant, ou en "ayant oublié", des événements de l'enfance qui impliquent la torture, les mutilations, l'assassinat, les violences sexuelles et autres atrocités innommables. Parfois, ces clients semblent mener une vie normale jusqu'à ce que, finalement, ces souvenirs émergent et provoquent chez eux une désorientation grave.
"Le cas de "Trish" devrait être très utile en particulier pour les professionnels qui s'occupent de cette catégorie de clients. Notez je vous prie comment Lori utilise la technique du TRAUMA SANS LARMES. Notez également qu'un cas comme celui-ci, aux multiples aspects, ne se prête pas à un soulagement instantané comme dans les cas de "miracle en quelques minutes" (qui abondent dans le site emofree.com). Il ya beaucoup d'élements à démêler ici et plusieurs sessions sont normalement nécessaires dans ce type de cas, peut-être sur plusieurs mois.
"En outre, pour des raisons de confidentialité, les atrocités réelles ne sont pas décrites".

Traduction de la page du site emofree.com
**http://www.emofree.com/Trauma/pros.htm**

Récit de Lori Lorenz, MA :

"Trish" m'a été envoyée par un membre attentionné de sa famille parce que, malgré les apparences d'une vie familiale belle, active et aimante, elle semblait être en train de s'effondrer. Pendant les semaines précédentes, elle avait commencé à faire des rêves terrifiants et à voir pendant la journée des images de son enfance qui s'imposaient à elle, sorties de nulle part. Même si elle savait que son enfance n'avait pas été agréable et que sa famille était plutôt dysfonctionnelle, ces "souvenirs" sortaient complètement du domaine de ce qui pouvait réellement se passer dans une famille, et surtout dans la sienne. Elle était terrifiée à la fois devant ces "souvenirs" (s'ils étaient vrais) et devant la possibilité qu'elle était en train de "devenir folle" (s'ils n'étaient pas vrais).
"Lorsque Trish est entrée dans mon bureau, elle pouvait à peine se contenir. En quelques minutes, elle est a commencé le récit du contenu extrême de ces nouveaux "souvenirs" et est entrée dans des états saisissants de "flashback" et d'immobilisation sous l'effet de la terreur, les yeux vitreux regardant le vide, le corps tremblant.

"Même lorsque la relation thérapeutique est établie et que l'histoire du patient est bien connue, la plupart des professionnels trouvent qu'un client dans un tel état peut être assez déconcertant. Dans le passé, on ne pouvait pas faire grand chose dans une telle épreuve, sauf apporter du réconfort, mintenir la personne focalisée sur la réalité et introduire des pensées pour contrer le processus. Néanmoins maintenant, avec nos outils EFT, nous avons beaucoup plus de matériel pour aider.
"D'une voix forte, je n'arrêtais pas de rappeler à Trish où elle se trouvait et de lui demander de me regarder dans les yeux quand elle se désorientait. Il me semblait qu'une voix forte et directrice était nécessaire pour l'aider à se concentrer, tandis qu'elle semblait aller et venir entre la situation présente et une certaine absence. Je lui ai brièvement expliqué cette chose "bizarre", le tapotage sur les méridiens pour traiter les émotions et, en dépit de son fort scepticisme, elle a bien voulu essayer (même si elle était tout à fait sûre que rien ne pourrait l'aider).

"J'utilise souvent la méthode TAB "Touch and Breathe" (toucher et respirer) pour EFT, car cela peut être très apaisant et introspectif, mais, dans ce cas, il me semblait qu'un tapotage très fort serait la meilleure façon d'obtenir des sensations du corps capables de contrer les souvenirs physiques et la dissociation (le fait de se sentir déconnecté de son corps) qui semblaient la submerger. Nous avons donc commencé en tapotant avec "cette émotion", "cette terreur" et "cet accaparement". À certains moments j'ai dû tapoter sur elle et parler à sa place (avec son autorisation) quand elle était immobilisée. Après plusieurs séquences de tapotage, elle a réussi à se réorienter et à obtenir un sentiment de calme. Je n'oublierai jamais l'expression d'incrédulité sur son visage quand elle s'est appuyée en arrière dans le fauteuil, me regardant avec des yeux bien présents, et qu'elle a dit qu'elle ne pouvait pas y croire mais que, quel que soit ce truc, ça marchait.

"Comme Trish se calmait un peu, elle a exprimé une plus grande crainte de devenir folle, que cela ne pouvait pas être vrai et que les gens tout simplement ne peuvent pas faire de telles choses aux enfants. Je lui ai fait savoir que, malheureusement, il y a des gens qui le font, mais que nous n'avions pas à décider quoi que ce soit en ce qui concernait l'exactitude de ses images et de ses sentiments à ce moment-là ; tout ce qu'on voulait, c'était de faire sortir d'elle cette terreur et cette impression d'accaparement.
"Nous avons donc commencé à utiliser la technique de Gary : LE TRAUMATISME SANS LARMES, en mentionnant simplement "ces souvenirs", "ces images", "cette terreur", "cette confusion", tandis que je lui rappelais fréquemment de ne pas entrer dans le détail de ses souvenirs. Je lui disais qu'elle devait s'en maintenir à distance par elle-même, volontairement (sans entrer dans un état dissociatif), et qu'elle devait seulement deviner ce qu'elle pourrait ressentir au cas où elle devrait les effleurer. Je lui rappelais continuellement que notre intention n'était pas d'entrer dans l'expérience (pas encore) et ceci l'a aidée à découvrir qu'elle avait un certain contrôle sur le degré d'intrusion de ces souvenir et sur son sentiment d'accaparement.
"Une fois que Trish a pu avoir l'impression qu'elle pouvait utiliser l'EFT pour contrer l'intensité de ses souvenirs, elle a commencé à les décrire. Nous avons travaillé très délicatement sur les détails en tapotant souvent lorsque l'intensité augmentait. Il y avait peu d'espoir d'arriver à zéro émotion (sur l'échelle de 0 à 10) sur aucun de ces événements graves, de vaste portée et présentant de nombreux aspects, et de toute façon nous avions peu de temps pour faire ces évaluations au fur et à mesure. Néanmoins, nous avons fait un contrôle général de l'intensité d'émotion par le fait qu'elle puisse savoir si elle pouvait la gérer ou non. Pour le moment au moins, le plus important pour la santé mentale de Trish semblait être d'avoir un lieu où il lui était possible de décrire ces événements horribles, plutôt que d'essayer de faire descendre en une séance de 2 heures une "forêt" d'émotions dont l'étendue n'était pas connue.

"À la fin de notre première session, Trish était absolument convaincue de l'efficacité de l'EFT. Elle était déterminée à l'utiliser autant qu'il était nécessaire pour reprendre sa capacité de vivre sa propre vie tout en travaillant à travers tout ce qui était nécessaire pour découvrir la vérité et pour en guérir. Nous nous sommes rencontrées le lendemain pour une nouvelle séance et elle a utilisé toute la gamme de l'EFT sur ses souvenirs et ses cauchemars, en obtenant un soulagement impressionnant.
"Au cours des 8 mois qui ont passé, Trish a découvert la vérité de ces souvenirs, en obtenant la validation par plusieurs sources extérieures, et elle a courageusement fait face, reconnaissant couche après couche des expériences vécues ausquelles la plupart des gens refuseraient de croire - même dans un film d'horreur ou un documentaire. Son expérience de maltraitance calculée, s'étendant sur plus d'une décennie, est parmi les plus intenses que j'aie jamais rencontrées dans le réel ou dans la littérature psy. Et ce n'est pas peu dire parce que mon activité professionnelle inclut le type de traumatisme intense qui aboutit aux états de personnalités multiples et de souvenir extrêmement réprimé. Grâce à cette guérison, pour laquelle l'outil principal a été l'EFT, Trish a pu développer et approfondir sa capacité d'aimer, a pu faire l'expérience du plaisir et de la connection avec son mari et ses enfants d'une façon qui l'a étonnée et lui a fait monter les larmes aux yeux.

"Le fait qu'elle ait atteint ce point en seulement 8 mois est presque du jamais vu - même pour de moindres cas de maltraitance comparé à ce qu'elle a subi. À un certain point dans notre travail, Trish a envisagé de prendre un thérapeute proche de chez elle avec qui elle pourrait travailler en personne (vu que je ne me rends à sa ville que toutes les 4 à 8 semaines et que nous travaillons par téléphone entre les séances).

"Elle a donc interrogé 5 ou 6 professionnels spécialisés dans la maltraitance. Chacun d'entre eux lui a donné très peu d'espoir de guérison possible tout en lui prédisant des années de psychothérapie douloureuse et retraumatisante pour arriver à traverser les expériences qu'elle décrivait ; certains ont même refusé de travailler avec elle. Sagement, Trish a choisi de rester avec EFT. Maintenant, elle refait occasionnellement une séance ou deux avec moi quand un aspect nouveau ou une nouvelle couche d'expérience font surface. Pour le reste, elle travaille avec EFT, une méthode pour laquelle elle possède désormais d'excellentes aptitudes - et ces problèmes sont désormais plus faciles et plus rapides à traiter."

Lori Lorenz, MA

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Conseil de lecture aux non-professionnels : "C'est quoi un psy ?" par Anne-Catherine Sabas, Dervy.
Ce livre parle de l'expérience du psychothérapeute dans un cadre classique et par rapport à plusieurs disciplines. L'auteure ignore tout d'EFT, on se prend à le regretter.

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